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William

L'activisme actionnarial partie 3 : L'activisme actionnarial et le retour aux actionnaires

Dernière mise à jour : 24 janv. 2020



Selon Yvan Allaire, les fonds activistes créent de la valeur principalement grâce à l'ingénierie financière, qui diminue la résilience de la société ciblée, qui, par nature, est limitée dans ses effets. Les fonds activistes laisseraient les entreprises sans ressources inutilisées, une capacité d'investissement réduite à long terme, aucune diversification des activités pour protéger l'entreprise des variations du secteur industriel, aucun amortisseur de ralentissement économique.


Sachant cela, les fonds spéculatifs plaideraient, une fois leurs mesures mises en œuvre, en faveur de la vente de la société, contrairement à l’intérêt de cette dernière sur le long terme. Néanmoins cette création de valeur se traduirait le plus souvent par un transfert de patrimoine des employés et créanciers de la société aux actionnaires plutôt que d’une création de patrimoine.


L’étude de Dehan et al (2018; "Long-Term Economic Consequences of Hedge Fund Activist Interventions" ) quant à elle montre que les activistes ne parviendraient à générer de la valeur pour les actionnaires à long terme que dans 20 % des cas, plus particulièrement quand les sociétés ciblées sont petites (avec une capitalisation boursière inférieure à 40 millions de dollars). En revanche, 80 % des sociétés visées par les activistes verraient leurs cours augmenter à court terme mais diminueraient ensuite progressivement jusqu’à obtenir des rendements négatifs autour de -1,6 % dans les deux ans suivant l’action activiste.


Le Graphique ci-dessous est particulièrement éloquent. On voit qu’à partir du deuxième décile des tailles de capitalisation, le rendement des actions chute significativement, pour se stabiliser aux alentours de 0%.

L’étude montre néanmoins que l’action des activistes ne détruit pas de valeur de façon systématique. En particulier, leur succès serait plus fréquent, et ce quel que soit la taille de la capitalisation de la cible, dans les opérations de fusion acquisition. Lorsqu’une société est rachetée à la suite de l’intervention d’un hedge fund activiste, son cours de bourse progresse en moyenne de 26.4% sur deux ans. Enfin, l’étude nous montre que l’influence du hedge fund sur la création de valeur est globalement neutre à long terme. Passé l’effet d’emballement du marché, qui peut adopter un comportement moutonnier du fait de la renommée de l’activiste et ainsi faire monter les cours, l’impact de son intervention s’étiolerait au fil du temps.


Pour sa part, dans une analyse de 2014 portant sur 400 campagnes d'activistes contre des entreprises américaines au cours de la dernière décennie, le cabinet de conseil McKinsey note que les actionnaires bénéficient généralement de l’arrivée d’un activiste au capital d’une société. Leur analyse révèle que, « parmi les grandes entreprises pour lesquelles des données sont disponibles, la campagne d'activistes médiane renverse la trajectoire à la baisse de la performance des entreprises cibles et génère des rendements excessifs pour les actionnaires persister pendant au moins 36 mois ».

L’analyse indique par ailleurs la prise de conscience de la communauté financière des effets positifs d’une campagne d’activistes sur l’amélioration de la stratégie et des opérations. Ces effets seraient en outre davantage bénéfiques aux actionnaires lorsqu’une réponse collaborative, négociée ou réglée entre les activistes et le management de la société est trouvée. Ce dernier élément vient contredire en partie l’étude de (Klein et Zur, 2009; "Entrepreneurial Shareholder Activism: Hedge Funds and Other Private Investors") où, selon elle, les campagnes agressives des activistes sont davantage rémunératrices et ont une plus forte probabilité de succès.

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